Sur le portique d'entrée de la Pâquesles Vendredi des Douleurs marque une antichambre profondément spirituelle qui nous invite à contempler la souffrance silencieuse et aimante de notre mère, la Vierge Marie. Cette journée, célébrée le vendredi précédant le dimanche des Rameaux, devient une occasion d'approcher le cœur d'une mère qui accompagne le chemin de croix de son Fils. Dans de nombreuses paroisses, le chemin de croix est remplacé par la Via Matrix qui contemple les souffrances de Marie.
La soi-disant Les sept douleurs de la Vierge Marie sont une dévotion séculaire qui invite à méditer sur les moments les plus douloureux vécus par Marie avec Jésus. Grâce à cette méditation, les fidèles trouvent un pont pour relier leur propre souffrance à l'espérance chrétienne.
Lorsque Marie présente Jésus au temple, Siméon lui annonce qu'un "glaive lui transpercera l'âme". Cette première douleur ouvre le cœur de Marie à un avenir incertain, plein d'épreuves, où tout en elle est Foi et Espérance en son Fils, comme elle l'a fait dans son premier grand oui à l'Incarnation.
Maître de la charité. Rappelez-vous la scène de la présentation de Jésus au temple. Le vieillard Siméon "dit à Marie, sa Mère : "Voici que cet enfant est destiné à la ruine et à la résurrection de beaucoup en Israël et à être l'objet d'une contradiction qui sera pour toi un glaive qui te transpercera l'âme, afin que se révèlent les pensées cachées dans le cœur de beaucoup". L'immense amour de Marie pour l'humanité rend vraie en elle la déclaration du Christ : "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis".
Au milieu de la Semaine sainte, ce passage nous rappelle que la foi n'est pas toujours synonyme de certitude, mais de confiance au milieu des ténèbres.
Marie et Joseph doivent fuir en Égypte pour protéger l'enfant Jésus de la menace d'Hérode. Cette scène nous parle de la douleur de l'instabilité, de l'abandon de sa propre terre et de la peur pour la vie d'un enfant. La Vierge Marie devient l'image de toutes les mères qui doivent tout quitter par amour.
Après son départ, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph et lui dit : "Lève-toi, prends l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte ; reste là jusqu'à ce que je te le dise, car Hérode va chercher l'enfant et le faire périr. Il se leva donc, prit de nuit l'enfant et sa mère et partit pour l'Égypte. Il y resta jusqu'à la mort d'Hérode, afin que s'accomplisse ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète en disant : "C'est d'Égypte que j'ai appelé mon fils" (Mt 2,13-15).
Marie a coopéré avec sa charité pour que les fidèles puissent naître dans l'Église, membres de cette Tête dont elle est en fait la mère selon le corps. En tant que Mère, elle enseigne ; et, en tant que Mère également, ses leçons ne sont pas bruyantes. Il faut avoir dans l'âme un fond de raffinement, une touche de délicatesse, pour comprendre ce qu'elle nous manifeste, plus que par des promesses, par des actes.
Pendant trois jours, Marie et Joseph cherchent Jésus, qui est resté dans le temple. L'angoisse de la perte et l'impuissance face à l'incompréhension sont des émotions humaines que nous avons tous vécues. La Vierge Marie les assume avec foi et humilité.
L'Évangile de la Sainte Messe nous a rappelé la scène émouvante de Jésus, qui reste à Jérusalem pour enseigner dans le temple. Marie et Joseph firent tout le voyage, interrogeant parents et connaissances. Mais comme ils ne le trouvaient pas, ils retournèrent à Jérusalem pour le chercher. "La Mère de Dieu, qui a cherché avec ardeur son fils, perdu sans qu'elle y soit pour rien, qui a éprouvé la plus grande joie en le retrouvant, nous aidera à revenir sur nos pas, à rectifier ce qui est nécessaire lorsque, par notre légèreté ou nos péchés, nous ne distinguons pas le Christ. Nous atteindrons ainsi la joie de l'embrasser à nouveau, pour lui dire que nous ne le perdrons plus (Amis de Dieu, 278).
Sur la Via Dolorosa, Marie rencontre son Fils portant la croix. Elle ne peut pas arrêter la souffrance, mais elle est là. Cette scène, si représentative des processions de la Semaine Sainte, nous parle de la valeur de la présence, d'être avec ceux qui souffrent même si nous ne pouvons pas changer leur destin.
À peine Jésus s'est-il relevé de sa première chute qu'il rencontre sa Sainte Mère sur la route où il passe.
Avec un amour immense, Marie regarde Jésus, et Jésus regarde sa Mère ; leurs regards se croisent, et chaque cœur déverse sa propre peine dans l'autre. L'âme de Marie est inondée d'amertume, dans l'amertume de Jésus-Christ.
Ô vous qui passez sur la route, regardez et voyez s'il existe une tristesse comparable à ma tristesse (Lam I,12).
Mais personne ne s'en aperçoit, personne ne s'en aperçoit, il n'y a que Jésus.
La prophétie de Siméon s'accomplit : une épée transpercera ton âme (Lc II,35).
Dans la sombre solitude de la Passion, la Vierge offre à son Fils un baume de tendresse, d'union, de fidélité ; un oui à la volonté divine.
Main dans la main avec Marie, vous et moi voulons aussi consoler Jésus, en acceptant toujours et en tout la Volonté de son Père, de notre Père.
C'est seulement ainsi que nous goûterons la douceur de la Croix du Christ, que nous l'embrasserons avec la force de l'amour et que nous la porterons en triomphe sur tous les chemins de la terre. Station IV Chemin de croix.
Le cœur de Marie se brise en voyant son Fils mourir sur la croix. Cette douleur résume le plus grand des sacrifices, celui de l'amour qui ne recule devant rien. La Vierge Marie reste ferme dans la foi. Le vendredi des Douleurs, cette image prend une force particulière, nous rappelant que l'espérance chrétienne naît sur la croix.
Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie de Clopas et Marie de Magdala. Jésus, voyant sa mère et le disciple qu'il aimait à côté d'elle, dit à sa mère : "Femme, voici ton fils. Puis il dit au disciple : "Voici ta mère". Et, à partir de ce moment-là, le disciple la prit pour lui. Après cela, Jésus, sachant que tout était achevé, afin que l'Écriture fût accomplie, dit : "J'ai soif". On attacha à une branche d'hysope une éponge imbibée de vinaigre, et on la lui mit dans la bouche. Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : "Tout est achevé. Et, baissant la tête, il rendit l'âme (Jn 19, 25-30).
Lors du scandale du Sacrifice de la Croix, Sainte Marie était présente, écoutant avec tristesse Les passants blasphémaient, secouaient la tête et criaient : "Toi qui détruis le temple de Dieu et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même ; si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix. La Vierge a écouté les paroles de son Fils, s'associant à sa douleur : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? Que pouvait-elle faire ? Se fondre dans l'amour rédempteur de son Fils, offrir au Père l'immense douleur - comme une épée tranchante - qui a transpercé son Cœur pur.
Marie reçoit le corps de Jésus dans ses bras. C'est un moment de silence, de deuil profond. Elle l'embrasse avec le même amour que celui avec lequel elle l'a reçu à la naissance. Dans ce geste, il y a toute la tendresse d'une mère qui continue à aimer même dans la mort.
Maintenant, devant ce moment du Calvaire, alors que Jésus est déjà mort et que la gloire de son triomphe n'a pas encore été manifestée, c'est une bonne occasion d'examiner nos désirs de vie chrétienne, de sainteté ; de réagir par un acte de foi à nos faiblesses, et, confiants dans la puissance de Dieu, de nous résoudre à mettre de l'amour dans les choses de notre temps. L'expérience du péché doit nous conduire à la tristesse, à une décision plus mûre et plus profonde d'être fidèle, de nous identifier vraiment au Christ, de persévérer, coûte que coûte, dans cette mission sacerdotale qu'Il a confiée à tous Ses disciples sans exception, qui nous pousse à être sel et lumière du monde (Le Christ passe, 96). C'est le Christ qui passe, 96
Enfin, Marie accompagne son Fils au tombeau. La pierre se referme et tout semble terminé. Mais l'espoir bat dans le cœur de Marie. Elle sait que Dieu tient ses promesses, même si maintenant tout n'est que silence et ténèbres.
Après cela, Joseph d'Arimathie, qui était un disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate la permission d'enlever le corps de Jésus. Pilate la lui accorda. Il alla donc enlever le corps de Jésus. Nicodème, celui qui était allé le trouver de nuit, arriva aussi, apportant un mélange de myrrhe et d'aloès d'environ cent livres. Ils prirent le corps de Jésus et le lièrent avec des linges et des aromates, comme les Juifs avaient coutume d'ensevelir. Il y avait un jardin à l'endroit où il avait été crucifié, et dans ce jardin un tombeau neuf, dans lequel personne n'avait encore été enseveli. Comme c'était la préparation des Juifs et que le tombeau était proche, c'est là qu'ils déposèrent Jésus (Jn 19, 38-42).
Demandons maintenant au Seigneur, pour terminer ce temps d'entretien avec lui, de nous accorder de répéter avec saint Paul que "nous triomphons en vertu de celui qui nous a aimés. Car j'ai l'assurance que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les pouvoirs, ni les hauteurs, ni les profondeurs, ni aucune autre créature ne pourra jamais nous séparer de l'amour de Dieu, qui est en Jésus-Christ notre Seigneur".
Méditer les sept douleurs de la Vierge Marie, ce n'est pas s'appesantir sur la souffrance, mais découvrir une manière de la vivre avec sens. Marie n'est pas une figure lointaine, mais une mère qui nous connaît et qui a fait l'expérience de la souffrance humaine. Durant la Semaine Sainte, son cœur transpercé devient un refuge pour ceux qui traversent des épreuves.
Le site Vendredi des Douleurs est une occasion spéciale pour la prière du Rosaire des Sept Douleurs ou simplement pour faire une prière du fond du cœur. L'épée qui transperce le cœur de Marie peut devenir une lumière pour nos propres blessures.
Vivre la Semaine Sainte, c'est entrer dans le mystère de l'amour de Dieu. Et Marie, avec son cœur blessé mais rempli de foi, est le meilleur guide. Sa présence discrète et courageuse à chaque étape de la passion du Christ nous rappelle que la douleur n'est pas la fin, mais le début d'une transformation.
En ce vendredi des Douleurs, plaçons nos cœurs près de celui de Marie. Écoutons son silence, apprenons de sa force et laissons sa foi nous inspirer pour vivre cette Semaine sainte avec un esprit nouveau.
Le Dimanche des Rameaux est comme le portique qui précède et dispose le Triduum pascal : "ce seuil de la Semaine Sainte, si proche du moment où la Rédemption de toute l'humanité a été consommée sur le Calvaire, me semble un moment particulièrement approprié pour que vous et moi considérions par quels moyens Jésus notre Seigneur nous a sauvés ; pour contempler son amour - vraiment ineffable - pour les pauvres créatures, formées à partir de l'argile de la terre". (Saint Josémaria, Amis de Dieu, n. 110.)
Bibliographie :
Images du film Le La passion de Mel Gibson.